M Notre Fondatrice est allée s’initier à la vie du Béguinage de Gand avant de fonder celui de Castelnaudary le 29 septembre 1854. M. Thérèse de Soubiran ne nous a laissé aucune trace écrite ni de son séjour en Belgique ni de son voyage de retour. Seules trois lettres de son Oncle chanoine qui l’accompagnait nous disent que la voie ferrée au-delà de Lyon, vers le sud n’étant pas finie, ils ont emprunté le mercredi 27 septembre le bateau du Rhône au matin pour gagner Cette afin de revenir à Castelnaudary par le Canal du Midi.
Faute de renseignements, j’ai cherché des documents sur le Canal et des photos de 1850 et de 2015, afin de revoir au Somail, les lieux où ils se sont arrêtés obligatoirement.
M.Thérèse avec son oncle et une amie Marie, ont quitté Cette le jeudi 28 septembre au matin. Trajet agréable: on glissait sur l’eau ; le bateau, halé par deux chevaux, ne dépassait pas une vitesse de 8km/h en moyenne; on avait le loisir de contempler les étangs: le bel étang de Thau et celui de Blagnas; puis les collines dorées par le soleil en ce début d’automne, et le vignoble déjà vendangé…Les trois voyageurs ont fait halte obligatoire au Somail pour la première “nuitée” en venant de Cette.
– En 1854, comme le montre le plan de 1850, il y avait peu de maisons au Somail, mais tout était prévu pour l’accueil des voyageurs et des chevaux. La première construction qui attirait l’attention des voyageurs depuis le bateau venant de Cette, était le vieux pont en dos d’âne datant de la fin du XVIIeme siècle qui enjambait le canal et sur la droite le bâtiment de la chapelle construite en 1693 et agrandie en 1842; une messe y était célébrée à chaque arrivée de bateau et le lendemain matin avant le départ pour l’étape suivante. Sans nul doute que M.Thérèse de Soubiran et son oncle chanoine y participèrent. Les voyageurs prenaient le repas du soir ainsi que leur repos à la « couchée » ; auberge reconstruite en 1773 et qui, de nos jours restaurée, accueille et offre des chambres d’hôtes. Elle est située sur la berge opposée à la chapelle.
– Une »Glacière » construction ronde permettait de garder des blocs de glace de la Montagne Noire, ramenés l’hiver et enfouis dans la terre, enroulés dans de la paille pour garder frais des aliments de l’auberge, en pleine chaleur d’été languedocien. Cette glacière, en 2015 est la seule conservée sur le trajet.
– Cet ensemble architectural comprenait encore la maison des Gardes et la maison des Postillons que l’on peut voir, bien que remaniées et on peut apercevoir l’abreuvoir des chevaux au bord du canal. Ces lieux ont pour nous religieuses de Marie Auxiliatrice, un intérêt particulier puisque notre Fondatrice y est passée juste avant de donner naissance à notre Congrégation; En effet M.Thérèse de Soubiran a quitté la halte du Somail le vendredi 29 septembre matin et est arrivée à Castelnaudary le jour même.
En cette anniversaire de notre fondation, c’est toujours un profond sentiment de reconnaissance filiale et affectueuse qui monte de nos coeurs avec joie et action de grâce pour le patrimoine spirituel qu’elle nous a laissé… – par ailleurs cette halte du Somail ne peut passer inaperçue au touriste du XXIème siècle. Elle est encore imprégnée de l’atmosphère du XVIIème siècle autour du canal du Midi qui venait alors d’être creusé, fruit du génie de Pierre Paul Riquet, fermier des gabelles au siècle de Louis XIV.
[/ Soeur M.Clarisse/]