Il y a plus de 30 ans, j’ai rencontré une sœur de Marie-Auxiliatrice. Précisément ce fut le moment de l’entretien de l’examen d’entrée au collège d’Ake no Hoshi. Écolière, aucun chrétien autour de moi, j’étais tendue devant cette sœur en voile avec la croix.
Une fois entrée à l’école, cela me faisait une drôle d’impression d’appeler la sœur « Sister » et non pas « Professeur », mais peu à peu en suivant des cours des Sisters, cette impression a diminué. En revanche je m’interrogeais, pendant ma scolarité, sur les sœurs. Elles avaient toujours un habit de même couleur, parfois leur bracelet de montre à la main, les bas raccommodés…
Pour moi, collégienne, je ne pouvais absolument pas comprendre pourquoi elles avaient choisi une telle vie pauvre et incommode, et je pensais fortement que je ne voudrais pas abandonner ma vie libre.
(Machiko et sa famille)
Actuellement, j’enseigne dans cette école. Les 5 premières années ont été vraiment dures. Devant les difficultés de la conduite des élèves et des rapports avec les parents, j’ai eu souvent l’envie de fuir. En faisant de mon mieux je me disais que ce n’était pas mal, et j’essayais de me grandir pour me faire bien voir.
(école Akeno oshi)
Un jour, après le temps consacré aux élèves pour les guider, sur la route du retour, je conduisais ma voiture d’un air languissant, et la sœur qui était à côté de moi me dit : « Je me demande ce que Dieu va faire maintenant ? ». « Il emploiera des moyens qui dépassent notre imagination, le Seigneur !… Cela marchera certainement, n’est-ce pas, Seigneur ? » Elle parlait toujours d’un air gai et joyeux. Tandis qu’elle répétait ces mots de profonde confiance envers Dieu, ce qui ne me venait jamais à l’esprit; cela m’a rappelé un passage de la bible lu au collège. « Ne vous faites donc pas tant de souci de quoi manger, de quoi boire, de quoi vous habiller! .. Voyez les lis des champs…Salomon dans sa gloire n’était pas vêtu comme l’un d’eux ! » Cela m’a conduite à me rendre compte de ceci: il n’y a personne de plus libre que les Soeurs ! A cet instant je me suis aperçue que c’était moi qui n’étais pas libre, une grande douceur et une grande lumière ont rempli mon cœur, comme je n’en n’avais jamais goûté jusque là.
Je me souviens qu’après le départ de la sœur, pendant quelques moments, dans la voiture, je n’ai pu retenir mes larmes. Puis, soudain, j’ai pensé que cela était un signe de Dieu …Et maintenant aussi, je pense en moi-même que Dieu était certainement là !
[/Machiko Ikeda
(professeur à cette école d’Akenohoshi)
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