Sakiko est infirmière. Elle a fait une expérience avec JLMM ( Japan Lay Missionary Movement ) au Cambodge. Cette expérience a éveillé en elle sa vocation à suivre Jésus Christ pauvre. Elle est devenue postulante chez les Soeurs de Marie Auxiliatrice. Nous lui donnons la parole:
J’ai passé quatre ans au Cambodge. Là-bas, les gens que je rencontrais m’ont invitée tout simplement à m’asseoir avec eux, en prenant leur rythme tel qu’il est, et à bavarder avec eux dans leur abri qui se réduit à un toit. Avant d’arriver au Cambodge, dans la société Japonaise, il me fallait courir tout le temps de tous les côtés. Au début une telle différence de cultures m’a surprise, inquiétée, embarrassée. Cela me fatiguait beaucoup. Quand ils me sentaient fatiguée, ils me tendaient un verre d’eau et c’était eux qui m’écoutaient.
Voici un an et demi que je suis de retour au Japon et, petit à petit, je reprends mon rythme comme avant, celui « des pas pressés ». Pourtant, les habitants de San’ya à Tokyo m’appellent pour me demander de m’arrêter et de m’asseoir avec eux.
A San’ya, j’ai fait la connaissance de Monsieur N qui habitait sous une tente au bord du fleuve Sumida-gawa depuis plus de dix ans. Il s’inquiétait pour son avenir parce que sa vue baissait. En discutant longtemps avec lui, nous avons pu aborder la question d’abandonner cette tente qu’il aimait, afin qu’il puisse bénéficier de l’Aide Sociale et consulter un médecin. Il a fini par prendre cette décision.
Sa tente était pleine, remplie de ses biens, d’objets fabriqués avec ingéniosité, sans oublier beaucoup de souvenirs. Il ne pouvait pas tout emporter, et il lui a fallu laisser même des choses auxquelles il était attaché. Après avoir visité les autres sans-abri, je suis retournée pour le rencontrer à nouveau. C’est un monsieur très réservé, qui parle peu. Nous nous sommes assis ensemble au bord du fleuve et nous avons pris le thé. Je sentais que Monsieur N disait adieu à cet endroit familier et qu’il s’était vraiment résolu à commencer une vie nouvelle. Un souffle de vent nous a caressés. De petits rayons de soleil apparaissaient timidement entre les nuages. Comme si j’entendais la voix de Jésus assis près de nous : « c’est bien, ne t’inquiète pas ».
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San’ya est un quartier modeste de Tokyo avec de nombreux logements à bas prix. Cet endroit est connu comme celui où habitent des travailleurs journaliers qui vivent dans une grande précarité et une extrême pauvreté. Beaucoup ont été licenciés par leur entreprise à la suite de la récession de l’économie Japonaise, de l’automatisation, de l’arrivée croissante de travailleurs étrangers moins coûteux. Certains sont contraints à vivre dans la rue. Aujourd’hui, un grand nombre d’ouvriers retraités vivent dans un logement à bas prix.