Sr Marie-Bernard a présenté un réfugié Afghan en 2016, il y a 5 ans. D’alors il a demandé asile en France. Mais il est, hélas encore tout à fait actuel.

 

«      Je suis un réfugié Afghan et j’ai maintenant le droit d’asile en France. Je travaille en France. Voilà mon histoire.

Les Américains étaient déjà dans le pays depuis quelque temps.

Je suis un homme dans les 25-35 ans aujourd’hui. Je vivais avec ma famille dans un village. J’avais appris un métier. Je travaillais et je gagnais ma vie.

Mon père était le chef du village. Parfois, les Talibans venaient dans les villages et ils imposaient aux familles de leur donner à manger. C’était le tour de notre village et de notre famille. Ils sont venus et nous avons mangé entre hommes du village dans l’endroit où mangent les invités masculins.

Après avoir mangé avec nous, sur la route du retour, il y avait les Autorités Afghanes et un conflit a éclaté je ne sais pas pourquoi entre les Talibans et les Autorités. Il y eut beaucoup de morts et de dégâts ce jour-là.

Le lendemain, les Autorités afghanes sont arrivées et nous ont emmenés au commissariat mon père et moi.

Toutes les barbes blanches du village sont venues au commissariat pour payer la caution et nous libérer de la garde à vue. Les Talibans sont venus à la maison ; Ils ont trouvé ma mère et ils lui ont demandé où nous étions. Ma mère a dit la vérité : que les Autorités nous avaient emmenés. Les Talibans ont dit qu’ils avaient perdu beaucoup d’hommes pendant l’affrontement et ils m’ont accusé de les avoir dénoncés aux autorités. Ils ont dit que je devais me rendre et aller me soumettre. Si je ne me rendais pas ils allaient me punir. Mon père, lui, devait rester en prison. Je ne savais rien de tout cela car j’étais encore en garde à vue.

Quand j’ai été libéré je suis allé faire des courses pour la famille et j’ai été percuté par une voiture. J’ai perdu connaissance. Je suis resté dans le coma pendant 3 jours. Je ne me souviens de rien pendant les 25 jours qui ont suivi. Je ne savais même plus qui j’étais. Un de mes bras a été cassé et opéré. J’ai la cicatrice. J’ai eu des vertiges pendant 3 mois et je ne pouvais pas marcher. J’avais aussi une jambe blessée. Et j’ai l’œil gauche qui me fait très mal.

Quand je suis revenu chez moi, tous les témoins de la scène de l’accident ont dit que c’étaient les Talibans qui m’avaient percuté avec leur voiture.

Ensuite, ma famille m’a appris que mon frère aîné avait disparu. Il travaillait en ville. Cela faisait plusieurs semaines qu’on ne l’avait plus revu et plus personne n’a pu avoir de ses nouvelles.

Tout ce que je sais c’est qu’un jour il est allé travailler comme d’habitude et il n’est jamais revenu. On lui a téléphoné, on l’a cherché mais on ne sait rien de ce qui a pu se passer.  Ma famille pense que les Talibans l’ont emmené parce qu’ils n’aimaient pas le genre de travail qu’il faisait et ils le lui avaient dit. Je ne sais pas ce qu’il faisait comme travail mais il avait fait des études et bien réussi.  Il fallait bien qu’il gagne sa vie.

À la suite de cela quand j’ai pu bouger ma famille a décidé que je devais partir. Un de mes oncles s’est occupé de tout. Il a demandé aux passeurs de m’emmener en France et ils m’ont amené jusqu’à Paris. Pour toutes ces raisons, je demande asile à la France. « 

Le Pape François a évoqué une nouvelle fois l’Afghanistan, appelant les États à accueillir et protéger les Afghans qui ont fui leur pays après la prise du pouvoir par les talibans.

«En ces temps troublés, où les Afghans cherchent refuge, je prie pour les plus vulnérables d’entre eux ; je prie pour que de nombreux pays accueillent et protègent ceux qui cherchent une nouvelle vie»

Que le Seigneur les protège. Ils sont nos frères et nos sœurs!

                                   Sr Marie Bernard et Sr Michiko

Le texte et les photos ne sont pas directement liés.

L’image du logo: The « Angels Unaware » boat by Canadian artist Timothy P. Schmalz in St. Peter’s Square, Vatican, dedicated to the world’s migrants and refugees. (Photo: JRS International)